Exposition à Métamorphosis, Yaoundé, Cameroun

Sté­phane Eloun­dou est un artiste plas­ti­cien. Son tra­vail consiste à retra­cer le patri­moine exis­tant par le film et la consti­tu­tion d’archives. Ses œuvres pic­tu­rales sont contem­po­raines et intègrent une réflexion sur l’art dans les socié­tés afri­caines.

Lors du voyage pour le pro­jet Màa­ri, Sté­phane et moi nous sommes ren­con­trés sur des plans intel­lec­tuels et artis­tiques. Très natu­rel­le­ment, nous avons sou­hai­té faire une expo­si­tion de nos tra­vaux res­pec­tifs au sein de Méta­mor­pho­sis, un espace de média­tion cultu­relle situé à la capi­tale du Came­roun. Entre pho­to­gra­phies et les pein­tures, ce tra­vail com­mun pré­sen­tait le regard croi­sé de deux artistes sur le patri­moine et sa trans­mis­sion sous le prisme de trames : tis­su et végé­tal. 

Sur les traces du Ndop, je me suis inté­res­sée à la manière dont les échanges mon­diaux impactent les pays, uni­for­misent des modes de vie et par­ti­cipent à effa­cer des par­ti­cu­la­ri­tés dites ances­trales. La concep­tion du tis­su Ndop - élé­ment cultu­rel rele­vant d’une cos­mo­go­nie afri­caine — a peu à peu évo­lué au cours de ce pro­ces­sus de glo­ba­li­sa­tion et au détri­ment de son pays d’o­ri­gine, de com­mu­nau­tés et d’in­di­vi­dus. 

Sur les traces du végé­tal, Sté­phane uti­lise la cale­basse comme pré­texte pour explo­rer le « matri­moine ». Dans son ques­tion­ne­ment sur la place des femmes dans les pro­ces­sus de trans­mis­sion, la cale­basse sym­bo­lise le conte­nant d’un « matri­moine » mal­me­né. Ses pein­tures mettent à l’hon­neur des femmes à tra­vers leurs luttes sub­tiles, quo­ti­diennes et invi­sibles. 

Retra­cer le Ndop ou la cale­basse nous ont conduit à nous pen­cher sur les impacts du capi­ta­lisme et de la glo­ba­li­sa­tion sur le patri-matri-moine dans les pays dits des « Suds » et à inter­ro­ger sa pos­sible trans­mis­sion dans le contexte de mise à mal du vivant. 

L’ex­po­si­tion que nous avons construits ensemble se vou­lait péda­go­gique, humaine et vivante. Lors du ver­nis­sage, nous avons invi­té d’autres artistes plas­ti­ciens et musi­ciens tra­di­tion­nels, un his­to­rien, un anthro­po­logue ain­si qu’un conteur tra­di­tion­nel.

Ce moment fut mar­quant et remar­quable tant par les échanges que l’ex­po­si­tion pro­vo­quait avec le public que par l’a­ven­ture humaine de ce défi avec Sté­phane.

Mer­ci à Méta­mor­pho­sis et Her­vey Kee­di son pré­sident, à Sté­phane bien sûr, aux dif­fé­rents inter­ve­nants lors de l’é­change-débat, à Ziko­ko ce conteur fan­tas­tique et à tous ceux qui étaient pré­sents.


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