Vendredi 1er décembre, je mettais les pieds sur le sol camerounais, à Yaoundé – la capitale — mon bagage plein et la motivation plus que jamais à son top.
Ici, l’air est chaud, les échanges faciles et déjà mon agenda qui était bien rempli laisse place à de nouvelles choses, d’autres rendez-vous, d’autres rencontres, de l’inattendue.
Cette première semaine d’acclimatation se fait autour de la température, du rapport au temps des habitants de la capitale, du langage, un français où certains mots peuvent avoir une définition différente de celle qu’on a en France. Les rues sont vivantes, bruyantes, mouvementées. A la capitale, la musique régit les moindres coins et recoins ; pourtant, ces fonds sonore ne semblent perceptibles que de moi. Tous en ont l’habitude.
A Yaoundé, la population est plus de 4 millions. C’est une ville qui s’étend sur 7 collines et qui se trouve dans la partie méridionale du pays. Le taux de pauvreté est d’environ 40% et le smig est de 41 875 FCFA, ce qui équivaut à 63 euros.
Avoir une voiture personnelle n’est destiné qu’à des personnes aisées. Les taxis jaunes et les motos-taxi sont les rois des routes. Ils défilent et klaxonnent à tout va. C’est « la conduite du bon sens » qui fait office de code de la route. S’il y a beaucoup d’accidents, il y a également des pilotes hors pairs, des champions de rallye méconnus du monde entier.
Le klaxon : élément du langage basique à comprendre. Chacun d’eux a une nuance et chaque nuance a une signification : « je te prends » ; « je ne te prends pas » ; « je ne vais pas par là » ; « Mais ?! Tu n’es pas dans le bon sens pour avoir un taxi qui part dans ta direction ! » ; « Je t’aurai emmener, mais le prix que tu annonces n’est pas assez élevé ».
Les gens sont accueillants, chaleureux, toujours emprunts à discuter : il y a le temps, personne n’est pressé, « à quoi bon ? », « où coures-tu comme ça ? », « est-ce que tu as rendez-vous avec Dieu ? ».
Les classes sociales ne régissent pas les liens. Tout le monde se mélange, partage des moments ensemble, on se sourie, on se taquine. L’humour est le pilier des échanges. Tout le monde aime rire.
Rencontrer des personnes est assez facile. Il suffit de partager ensemble quelque chose : un taxi, une discussion en faisant la queue dans un lieu, un loisir…
Dès mon arrivée, je m’inscris sur une randonnée avec une vingtaine de personnes. Occasion pour moi d’échanger de mon projet et d’avoir d’éventuels contacts car tout fonctionne ici par le bouche-à-oreille. C’est donc au sein d’une magnifique forêt sans balisage que je m’aventure 2 jours après mon arrivée. Les sentiers sont raides, tous s’entraident : maintenant qu’on est là, nous sommes devenus une famille. Chacun dit d’ailleurs « On est ensemble », ce qui signifie « maintenant, on se soutient ». Très rapidement dans les échanges, on me partage des contacts : « appelles tel, il vit à l’ouest, il va t’aider » ; « contactes tel, il a fait des projets comme ceci, comme cela ». Cette facilité dans les rapports me surprend et me plait. Nous passons vraiment un bon moment tous ensemble.
Jeudi 7, je me rends à mon rendez-vous avec Heumen Tchana, directeur conservateur du Musée National. C’est un homme souriant et plein d’humour qui m’accueille. Nos échanges portent sur la préservation du patrimoine textile au Cameroun mais également sur la démocratisation de ces textiles ancestraux. Il me raconte l’histoire des 4 aires culturelles présentes dans le pays et qui séparent le pays par régions : les Fang-Beti (le centre, le sud, l’est), les Sawa (le littoral, le sud-ouest), les Grassfields (le nord-ouest, l’ouest) et les Soudano-Sahéliens (l’Adamaoua, le nord et l’extrême-nord). Il me présente ensuite les pièces du musée lié au patrimoine des Bamiléké et des Bamoun : je découvre en plus de l’art textile, un art de la sculpture en bois et bronze, et un art du perlage.
Mon aventure me mène dans les prochains jours vers 3 jours à la Fondation Jean-Félicien Gacha (ONG qui travaille pour la préservation du Ndop), 5 jours au REDEO puis 5 jours à la chefferie de Batoufam où je passerai du temps avec Nayang Toukam, le chef et les artisanes employées par la chefferie pour concevoir le Ndop sacré lié aux cérémonies rituelles.
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