





Les traces de ma (grand)-mère
2025
Projet mené avec Linda Guerry
Centre Eustache, Montélimar
Avec le soutien de la Politique de la Ville, DRAC Auvergne Rhones-Alpes
Photographies, archives familiales, dessin, textile
Participants : femmes de 40 à 82 ans
Ce projet est né d’une double recherche : d’un côté, un travail mené au Cameroun autour du tissu Ndop, à la croisée de l’ethnographie, du geste textile et de la mémoire transmise entre femmes ; de l’autre, une recherche-création ancrée sur le territoire montilien, consacrée à la mémoire migratoire des femmes.
Le mot Màari, en bambara, signifie « laisser la trace de… » — une expression qui fait écho à ces histoires portées, transmises, parfois tues. C’est à partir de cette idée que l’atelier a été conçu : créer un espace de co-création autour des traces intimes et collectives liées aux figures maternelles, aux gestes hérités, aux objets transmis, parfois alourdis de silence ou de tendresse.
Quatre femmes, issues de la migration — première, deuxième ou troisième génération — ont été invitées à ramener un objet ou une archive familiale, matérielle ou immatérielle. Une couverture transmise, un bijou chargé d’histoire, un proverbe d’enfance, une chanson chuchotée. À partir de ces fragments, un processus de transformation artistique s’est enclenché, mêlant récit, photographie, écriture et techniques plastiques (dessin, découpe, composition textile…).
L’espace de l’atelier est devenu un lieu de parole rare. Les récits ont affleuré. Des scènes ont été rejouées. Inès s’est mise à danser avec sa couverture transmise de génération en génération, comme sa mère avant elle. Les tissus sont devenus vivants, porteurs d’histoires. Les portraits ont été détournés, les souvenirs ré-assemblés.
Les productions plastiques, sensibles et personnelles, ont pris la forme d’objets à la fois modestes et puissants : fragments cousus, dessins recomposés, images superposées. Derrière leur apparente simplicité, ces œuvres disent beaucoup. Elles rendent visible ce qui souvent ne se dit pas : les transmissions silencieuses, les douleurs tues, les résistances ordinaires.