Genèse
Naître au Cameroun, y vivre dix ans avec ma mère au milieu de la famille étendue et avec mes camarades, m’enraciner dans mon Afrique natale.
Plus tard me développer loin, et en même temps près de ma terre qui n’a jamais quitté ma tête. Quel paradoxe ?
Et finalement le fait d’être à l’épreuve du terrain social et culturel m’a permise de prendre conscience que je suis d’ici et de là-bas. De là-bas et d’ici.
Je me suis développée avec et dans cette position dichotomique.
Mon corps et mon esprit se déploient consciemment dans un monde qui est le mien, fait de deux horizons (Afrique, Europe) et de trois cultures dans le strict respect de la spécificité de chacune d’elle : camerounaise, française et malienne.
La culture étant un attribut universel, un invariant chez l’espèce humaine, elle se manifeste par des manières différentes de penser, d’agir, de sentir et de s’exprimer au sein d’une société ou d’une communauté.
Mon expérience culturelle plurielle a infusé en moi non sans difficulté et je me trouve aujourd’hui semblable à tous les autres camerounais, et seulement à quelques uns ; semblable à tous les autres maliens, et seulement à quelques uns ; semblable à tous les autres français, et seulement à quelques uns ; tout en étant semblable à aucun‑e autre.
Le projet
J’exprime mon expérience de vie dans ce projet d’écriture qui conte l’Histoire par le prisme de mes réalisations (dessins, histoires illustrées, instruments de musique, collecte de contes et légendes auprès de sages africains en Afrique, écriture de contes sur des héros oubliés de l’Afrique).
Il s’agit pour moi de rendre visible à travers l’écriture et l’oralité certains aspects cachés du patrimoine culturel africain qui me sont accessibles. Les chercher, les trouver. Les tirer de l’oubli afin de les partager dans mon / notre monde multiculturel.
Hamadou Hampaté Bâ disait : « Un conte, c’est le message d’hier transmis à demain à travers aujourd’hui » mais c’est aussi « un miroir où chacun peut découvrir sa propre image ».
L’oralité comme l’Art de prendre la parole en public et l’art de transmettre, fait partie de mon patrimoine génétique. C’est une part de mon identité et c’est le point de départ de mes écrits car je suis une « diplômée de la grande université de la Parole, enseignée à l’ombre des baobabs ».
C’est également pour moi un travail de Mémoire : je suis à la fois dans les espaces de trois patrimoines culturels et à la lisière de trois cultures dans leur triple rapport à la nature, à l’homme et à l’absolu.
Je suis porteuse de tout cela à la fois et je compose avec dans mon projet de vie et dans mes projets professionnels : partage entre Afrique et Europe.
Bienvenue dans mon univers !